top of page

La galerie Myriam Chair est heureuse d’annoncer la première exposition personnelle de l’artiste Bernard Bousquet à la galerie.

Par l'utilisation libre de la sérigraphie, la peinture sur papier et toile de coton, sur des chutes de textiles et de vêtements, la "peinture bricolée" de Bernard Bousquet s'affirme sur des supports alternatifs. A ses débuts, Bernard Bousquet a commencé à peindre sur du papier et de la toile couchés, avant d'expérimenter de nouveaux supports liés à des fibres naturelles. Ces expériences offrent des propriétés différentes qui modifient l'aspect d'une peinture qui peut habiter librement les deux faces de l'œuvre, la toile, le papier et le textile.

 

Il existe une continuité entre la peinture sur toile et sur textile. Dans les deux cas, le lien avec les fibres naturelles et leur diversité donne à l'artiste une relation sensible, voire émotionnelle, avec le support. Les toiles de coton, comme les tissus de soie, de laine ou de lin, contribuent à l'indétermination des pièces exposées, qui peuvent prendre la forme de tableaux à deux faces, de vêtements ou d'imposants tronçons de rouleaux peints, déroulés du sol au plafond.

 

Le travail sur le textile, matériau universel et perceptible du texte et de la texture, représente une forme de libération, de pensée globale de l'espace, hors du cadre. Comme une membrane qui relie organiquement les objets à leur environnement, les surfaces peintes le placent sous une influence contaminante et le modulent architecturalement par la couleur et le motif.

Elles se déploient dans toutes les directions, comme pour transcender les limites physiques de l'œuvre, tout en accrochant le regard sur ce qui l'accueille. Au début des années 1920, le peintre futuriste Giacomo Balla prône une spatialité différente des objets et de leurs environnements. Balla avait conçu de véritables environnements chromatiques où peinture et objets étaient réunis dans une même unité architecturale, comme l'intérieur de sa maison à Rome, la Casa Balla (1914-1920). Les formes colorées du peintre sont projetées dans toutes les directions de l'espace, sur les murs, le plafond, le sol, les meubles et les lustres qui en émergent, mais aussi sur les vêtements suspendus dans l'entrée, jusqu'à transcender les limites formelles dans une explosion chromatique. De la même manière, Bernard Bousquet nourrit le désir de couvrir toutes les surfaces de l'espace, dans la découverte des propriétés de cette libre architectonique.

 

En tant que composants structurels, ces surfaces expressives participent à une réconciliation entre la grille et la dimension originelle du tissu. Une lecture de l'abstraction géométrique, proche des mathématiques et de la linguistique, a souvent été opposée à une approche matérielle et sensible, qui était associée aux artistes travaillant avec les textiles dans les années 1970. Le rapport au textile est avant tout tactile - et tactile par le geste et la présence du corps. Les liens de Bousquet avec les arts de la scène sont présents dans sa pratique de peintre depuis plusieurs décennies. À la fin des années 1980, Bousquet suit un cours de Gina Pane à Paris, qui l'initie à l'art de la performance, avant de participer à l'un des tout premiers symposiums d'art performance en France, à Lyon. Entre 1987 et 2001, Bernard Bousquet collabore avec la chorégraphe Anne Dreyfus, pour laquelle il réalise les décors et la scénographie. En 2006, ils cofondent le Générateur à Gentilly, un espace de création contemporaine géré par des artistes, installé dans un ancien cinéma. En 2013, Bousquet transforme le Générateur en un immense atelier où il déroule le fil de sa pratique picturale lors de résidences. Il ajoute une dimension sonore au projet en s'associant au musicien Jean-François Pauvros. Le son répond aux peintures monumentales, à leurs trames et à leurs vibrations optiques. En 2017, puis en 2020 lorsque l'artiste présente " Reciprocal ", il s'entoure de performeurs, musiciens et danseurs qui réinvestissent l'ensemble du bâtiment. D'immenses rouleaux de tissu participent au dialogue avec ces performances de danse.

 

Sur la trame entrelacée des toiles comme du textile, Bousquet part à la recherche d'une mesure. La répétition des motifs et leurs variations optiques, par le jeu subtil des combinaisons chromatiques et des déphasages, se propagent dans toutes les dimensions de l'espace peint. Le hasard et le processus génératif sont au cœur de sa pratique. L'utilisation de la technologie numérique et de logiciels de traitement permet une conception générative, avec des fonctions aléatoires. Un motif initial, par déplacement progressif et suivi, produit un ordre et une séquence mathématique.

S'agit-il d'une grille, ou plutôt d'un motif rythmique semblable à un code musical, qui peut être diffusé dans leurs environnements sensoriels ? La proximité des concepts picturaux avec ceux du langage musical témoigne d'un partage de processus d'écriture communs. Il se crée ici un art du temps et du mouvement, faisant coexister espace pictural et temporalité musicale.

Texte d'Olivier Zeitoun 

bottom of page