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CACHE-CACHE 

24 mars au 30 avril 2022

Myriam Chair est heureuse d'annoncer la première exposition de Julian Farade à la galerie.


Un oiseau peut en cacher un autre. Mais il peut aussi cacher un cheval, une maison, un taureau. Les œuvres de Julian Farade bruissent de signes. La composition d’un tableau n’est jamais réglée par avance ; elle relève toujours d’un environnement. Comme dans
une forêt où la place d’un arbre dépend de celle de son voisin qui lui laissera ou non de la lumière, les motifs se complètent et s’agencent de façon vivante, organique. C’est par exemple une lutte animale à laquelle on assiste dans Devant vos yeux et que l’on reconnaît tout de suite aux dents des crocodiles. Ces lignes de dents obtenues à la craie transcrivent également un battement de cœur. Cette ondulation des traits, parfois isolée, traduit un moment de peur ou de courage comme un marqueur émotionnel.

Tout rentre en ligne de compte dans l’œuvre de Julian Farade. L’artiste se met quand il entre à l’atelier en état de disponibilité et alors sur le bois, sur la feuille tout peut arriver ; tout est toujours ouvert. La superposition est une manière d’encourager les allers et retours dans la peinture. Il n’y a pas une seule émotion, un seul moment mais une circulation entre des moments et des émotions, comme Humeur l’indique clairement. Cette labilité, on la retrouve dans d’autres œuvres telles Un soir de juin, Une histoire à raconter.

L’artiste ne cherche jamais à définir ce qu’il rassemble à même le sol dans son atelier. Il tend un piège, un cadre, et voit ce qui le traverse ; l’histoire est hors de lui et lui ne fait que libérer, et de plus en plus, la couleur. Dans un premier temps, Julian Farade a privilégié la
bichromie pour développer son vocabulaire symbolique. On le retrouve aussi de façon isolée dans ses sculptures de terre rouge, des totems, où le rapport aux archétypes chers
à Jung est aussi le plus visible. La maison, l’oiseau, le cheval sont des porteurs de sens qui croisent différentes cultures et permettent de marquer des oppositions entre l’intérieur et l’extérieur, le mouvement et la stabilité, le rêve et la réalité. Tout cela se déploie aujourd’hui en épaisseur dans des couleurs franches et variées.

Julian Farade se confronte parfois au risque de la surcharge. Comment manifester autrement la vie qui n’est que changement, métamorphose, voire combat ? Ses formes libres peuvent changer de sens en fonction de leur association, et un oiseau peut ne plus pouvoir s’envoler selon qu’il soit ou non attaché à une maison. Le dessin n’est pas fermé et les lignes répondant à une forme d’animisme dessinent un monde de flux et de reflux, de passages. A la manière des dernières toiles de Jean Dubuffet, la série des Données, les peintures de Julian Farade sur fond noir peuvent être perçue comme d’ “ardentes célébrations”. Les couleurs et le blanc même vibrent dans Nuit Musicale, Duel à la Lune ou La Source d’eau ; les signes traduisant avant tout le geste perdent de leur lisibilité, comme si l’artiste allait trop vite. Reste une forme d’urgence une fois que la nuit est tombée, et que la peinture est sortie : l’œil doit débrouiller la main.

                                                                  Henri Guette

 

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